Passant d'un jour ou Ecaussinnois de toujours, arrête-toi et regarde-moi un instant car bientôt je ne serai plus, et seul dans ta mémoire mon image subsistera.

Je suis le moulin brûlé, je naquit dans ce quartier à l’aube du 14 ème siècle de la main des hommes, et j’ai traversé les siècles accomplissant mon dur labeur pour le bénéfice de ceux qui m’ont créé. Durant ces longues années je survécus aux querelles, aux batailles et aux guerres des hommes, je renaquit des cendres des incendies qui me valurent mon nom. Mais aujourd’hui ma fin est proche, victime encore une fois de la bêtise humaine. Moulin, je ne suis plus, bientôt histoire je ne serai plus que dans la mémoire de ceux qui voudront bien se souvenir de moi.

Les vestiges de ce que je fus naguère, et qui sont sous tes yeux, ne seront bientôt plus. L’IDEA et nos élus locaux en ont décidés ainsi. La turbine et la roue qui subsistent du cœur de métal qui me donnait vie jadis me seront bientôt arrachés, considérés comme de la vulgaire ferraille, l’eau qui me nourrissait me sera enlevée et mon bief, cette artère qui me relie à ce quartier qui ma vu naître sera, recouverte d’une dalle de béton pour servir de vulgaire égout.

Ainsi en ont décidé certains hommes plus puissants que les autres, je dois disparaître dans l’indifférence d’une sorte de complot hourdis dans le plus grand secret par certains. Et pourtant, nombreux sont ceux qui comme moi avaient placé leurs espoirs dans mes actuels propriétaires qui tentent, petit à petit, de me rendre une partie de ce que j’ai perdu au fil du temps et de l’abandon. Mais aujourd’hui face à la plénipotentiaire administration communale emmenée par M. Jean Dutrieux (MR) et dans l’indifférence de son conseil et de la Région Wallonne, ils sont contraints, après deux années de bataille, de se rendre à l’évidence ; on ne peut lutter contre le pouvoir des hommes avec simplement de bonnes intentions. Toutefois, dans un dernier sursaut, nous tentons de rallier à notre cause le nombre qui ferait peut-être la différence, en montrant à ces personnes que ceux qui ont fait d’eux qu’ils sont, des élus, ne sont pas d’accord. Si je dois partir, et bien, ainsi soit-il, mais ma dernière volonté est de savoir que tout a été tenté pour que je puisse encore être demain un témoin de l’histoire d’Ecaussinnes auprès des générations futures.

Je vous demanderais donc de m’accorder encore un instant de votre temps en manifestant votre désaccord par le biais d’une pétition mise en place par mes propriétaires, vous pouvez donc venir frapper à ma porte, ils se feront un plaisir de vous accueillir s’ils sont présents. Si toutefois il n’y a personne, de nombreuses feuilles circulent ici et ailleurs et si vous en croisez une, ayez une pensée pour moi.

Le moulin brûlé